René Nkowa

Coupe du Cameroun: une finale et des questions

 

 

 

 

 

 

 

La finale de la Coupe du Cameroun de football s’est jouée hier au Stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé avec l’absence remarquée de M. Paul Biya, le Président de la République. Il n’est pas encore rentré au Cameroun depuis qu’il l’a quitté pour le Sommet de la Francophonie (qui s’est tenu du 22 au 24 octobre dernier à Montreux en Suisse). Il s’est fait représenter par son Premier Ministre, M. Philémon Yang.

Et cette absence fut un tort, parce que au niveau du spectacle, ce fut un match très enlevé. Les occasions se succédaient et dans les arrêts de jeux de la seconde mi-temps, Trésor Owona Zoa, le joueur de Fovu de Baham marqua un but tout autant salvateur pour son club que pour l’image du Cameroun (on verra pourquoi). Ce but permit à son club d’emporter la finale sur le score de 2 buts à 1 aux dépens d’Astres de Douala. Mais au delà de ce match et de son score, cette finale suscite une série de questions:

1- Le Président de la République est-il obligé d’être présent lors de la finale de la Coupe du Cameroun? La réponse (le plus souvent) positive à cette question engendre un spectacle lamentable pour tout le mouvement sportif camerounais. Une chose doit être au préalable considérée: traditionnellement, la finale de la Coupe du Cameroun de football est l’évènement qui se veut être une apothéose et qui est sensée clore la saison sportive, et ce pour toutes les disciplines (football, bien entendu, mais aussi hand-ball, tennis, judo, etc). La maxime qui dit que le Président doit assister à cette cérémonie pousse très souvent à attendre que la Présidence de la République communique la date à laquelle elle doit avoir lieu. Et cette attente peut durer des mois. Cette année, par exemple, l’attente a duré quatre mois et demi!

Pendant ce temps, les joueurs et le staff des deux malheureuses équipes finalistes continuent à s’activer, tandis que les autres sont en vacances. Les joueurs sont gardés sous pression, parce que la Présidence communique très souvent moins d’une semaine avant la date qu’elle prévoit. Cette année, il s’est écoulé deux jours (!) entre la publication du communiqué et le match lui-même.

Quand on pose la question, deux réponses sont avancées:  A la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT), on dira que selon les statuts de 1972 toujours en vigueur, c’est le Chef de l’Etat qui fixe la date à laquelle doit se jouer cette finale. A la Présidence de la République, on rétorquera que la FECAFOOT ne communique pas assez tôt le calendrier de sa saison, et que « le calendrier d’un Président de la République se prépare un an à l’avance ». D’ou la question: la finale de la Coupe du Cameroun ne peut-elle se jouer qu’en présence du Chef de l’Etat? Hier dimanche, la réponse était : « non », puisqu’il n’était pas là. Dans ce cas, si les finalistes sont connus au mois de juin, pourquoi ne pas dès lors programmer le match pour qu’il soit joué avant la fin du mois de juillet et d’ainsi permettre à l’ensemble du mouvement sportif camerounais de souffler pendant les mois d’août et de septembre?

2- Peut-on jouer un match de football en nocturne au Cameroun? Dans les petites ruelles faiblement éclairées de nos quartiers, oui. Mais dans un stade en bonne et due forme, non. C’est clairement non. Voulez-vous savoir pourquoi le but  in extrémis de Trésor Owona Zoa a sauvé l’image du Cameroun? Parce que la nuit tombait déjà sur la ville de Yaoundé et que selon des indiscrétions, les techniciens du stade s’affairaient depuis des heures, et en vain, à faire démarrer les pylônes d’éclairage. Ce footballeur a épargné à tout un pays la honte de voir ce match reporté pour défaut d’éclairage. Des chaînes radio et TV étrangères  diffusaient ce match en direct. Pour vous situer, le Stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé représente pour le Cameroun la même chose que Wembley pour l’Angleterre ou Maracana pour le Brésil. Ceci pousse fatalement à s’interroger sur le problème d’infrastructures sportives au Cameroun. Ce sujet est trop vaste et trop triste pour commencer à en parler ici.

3- Est-il normal que deux clubs d’un même championnat de première division aient un dirigeant commun? Fovu de Baham et Astres de Douala, finalistes de la Coupe du Cameroun édition 2010 et par ailleurs pensionnaires toutes les deux de le MTN Elite One (championnat de première division) ont un même président (et donc, propriétaire). N’y a-t-il pas là un sérieux risque de conflit d’intérêts? Je me souviens que certains, sous d’autres cieux, sont contraints à abandonner l’un de leurs postes si les clubs qu’ils dirigent doivent compétir dans un même tournoi. Se sachant gagnant quelqu’en soit le cas, le président de ces deux clubs a fait peser un chantage sur la FECAFOOT, en menaçant de faire boycotter l’une de  ses équipes, en occurrence Fovu de Baham (le futur vainqueur) car il accusait l’instance fédérale de lui avoir retranché trois points qui avaient fait descendre son club en deuxième division.

4- Et les Lions Indomptables dans tout ça? Ils ne sont rien d’autre que l’arbre qui cache la forêt. Enfin, étaient… Avec le mauvais visage affiché par cette équipe pendant ces dernières années, il commence à devenir criard que derrière elle, il n y a rien. Elle ne représentait qu’un trompe-l’oeil qui voilait le marasme dans lequel est plongé le football camerounais et le sport dans ce pays dans son ensemble!

On parle bien là du pays de Samuel Eto’o, de Roger Milla et de Joseph Antoine Bell!

Par René Jackson


Voyage vers l’Ouest – partie 2

La suite de mon récit de voyage…

 

Le voyage continue. Il y a ceux qui mangent ce qu’ils ont acheté au péage, d’autres qui dorment et ceux qui causent. L’ambiance n’est plus tout à fait la même. Les passagers sortent peu à peu de leur torpeur et des conversations naissent. Moi, par contre, j’effectue mon activité favorite quand je voyage : j’observe, je regarde, je contemple et j’ouvre grand les oreilles, les narines pour profiter au maximum de tout ce que peut m’offrir ce trajet. Je n’ai pas l’habitude de dormir pendant les voyages. Et quand il m’arrive de somnoler, ça ne dure généralement pas plus de cinq ou dix minutes. J’aime admirer le paysage qui défile à travers les glaces, les gens ou les véhicules qu’on croise.

Nous finissons par arriver à Mbanga, la première grande cité que nous aurons à enjamber, après avoir traversé les plantations de palmiers de la l’ex-SOCAPALM, d’hévéas de HEVECAM et après cette ville, nous aurons à transpercer ce qui est sans doute l’une des plus grandes bananeraies de tout le pays, à laquelle est jumelée une petite plantation de papayers. Les passagères de la banquette devant la notre invectivent un jeune homme qui est assis à l’une de ses extrémités, car il ignore l’une d’elles qui se plaint de la gêne qu’elle éprouve du fait de la vitre qu’il laisse ouverte. Chacun y va de son commentaire et moi j’interviens juste en précisant que les codes de bienséance et celui de la route imposent que si, dans un habitacle, un seul passager souhaite que les vitres soient closes, eh bien, elles doivent l’être! Les humeurs différentes n’auront qu’à ronger leur frein. Finalement, il s’exécute. C’est un véritable camouflet pour lui et c’est bien fait. Il m’énervait déjà avec les efforts ardus qu’il mettait à tout critiquer, à émettre son opinion sur tous les sujets (des opinions quelquefois superbement farfelues) et à chanter à tue tête tout ce que DJ chauffeur avait sur ses bandes magnétiques (du Longué Longué principalement. Il en avait tous les albums). Le jeune homme, on ne l’a plus entendu jusqu’à la fin du trajet. Mais par contre, Longué Longué lui, a soulevé débats et controverses avec ses textes. Puis, ça été au tour du chauffeur d’être mis sur la sellette, car « n’avait-t-il que du Longué Longué à proposer ? » Mais ces protestations étaient éteintes lorsqu’une autre chanson débutait et que les mélomanes, soit se mettaient à la fredonner, soit se remettaient à polémiquer, « car ce type, il parle des choses du pays ». Mais tout le monde devint unanime lorsqu’un inconscient mit nos vies en danger. En effet, notre chauffeur est tout d’abord ralenti dans sa cadence par un camion. Et lorsqu’il engage le dépassement, le conducteur de cet engin ne ralentit pas. Il se permet même au contraire d’augmenter la pression de son pied sur l’accélérateur. Alors que notre car était déjà complètement sur la voie du sens inverse, et qu’à quelques centaines de mètres, on apercevait des phares qui s’approchaient. Du coup, notre héros de chauffeur passe au rapport supérieur et on laisse derrière nous ce malotru. L’assemblée le traite de tous les noms d’oiseaux et émettent des propos disgracieux sur les mœurs sexuelles de la mère de ce camionneur fou. Mais un passager, deux minutes plus tard éprouve l’envie presque machiavélique de se mettre à l’aise. Tout le monde le maudit et est consterné de voir le camion repasser devant. Il va falloir reprendre la manœuvre périlleuse. Heureusement, on ne le reverra plus.

Sur ces entrefaites, nous arrivons au deuxième péage. A Nlohé. Et du coup, je me rappelle qu’il y a l’une des tantes de ma mère qui habite le coin. Bof, je ne la verrai pas. Une autre fois peut-être. A quelques encablures de là, nous parvenons à Nkongsamba, ex-troisième ville du pays qui est dans un état de décrépitude désolant. De l’axe lourd, on aperçoit la ville adossée à une colline. A l’entrée et à la sortie, nous soumettons au légendaire caractère pointilleux du « contrôle de Nkongsamba ». Chacun de ces contrôles s’achève par un « bon voyage » lancé par l’agent. Un îlot de politesse dans un océan de bougrerie!

L’escapade continue. Il ne reste que quelques minutes et nous serons sortis à la fois du département et de la région. La fin des 182 premiers kilomètres est proche…

A suivre…

Par René Jackson.


RFI-Médias d’Afrique d’Alain Foka: c’est fini!

C’est pratiquement la fin d’une époque, d’une histoire, d’une vie: Médias d’Afrique, l’émission animée par Monsieur Alain Foka sur Radio France International entre en gare. Pour ne plus en ressortir.

J’ai appris la nouvelle ce mercredi après-midi dans l’émission. Ma première réaction est que j’ai tout d’abord cru avoir mal entendu. Mes oreilles me jouaient des tours, surtout qu’on n’avait pas vu arriver ce décès. Moi qui me préparais à  aller assurer mon service du soir, me suis rassis pour vérifier ce que j’avais cru entendre. Et là, mon coeur s’est brisé. Mes oreilles n’avaient pas bogué.

Alain s’est fendu d’une justification famélique, mettant en cause « l’importance de l’investissement » dont avait besoin l’émission pour survivre.

La presse africaine perd ainsi l’une de ses vitrines, celle par laquelle les hommes des médias africains donnaient leur point de vue sur le monde et ses mutations. « Un monde où (comme il le disait toujours en introduction de l’émission) les médias occidentaux avec leurs gros moyens imposent leur opinion et où, les journalistes africains, bien que ne disposant pas des mêmes moyens n’en n’ont pas pour le moins des analyses pertinentes ».

Alain occupera désormais d’autres plages horaires en animera d’autres émissions.

La dernière c’est ce jeudi 28 octobre 2010, 13h33-14h30 et 21h33-22h30 T.U. Seront diffusées les réactions de ceux qui ont été les acteurs de cette épopée et celles des auditeurs. Une cérémonie d’adieux en quelque sorte, après quinze années de vie.

Je n’aime pas les adieux, surtout poignants comme celui-ci. Je n’écouterai pas ton émission demain, Alain. Pour moi, la dernière de Médias d’Afrique sur RFI, c’était aujourd’hui.

Par René Jackson

PS: Je reviendrai très prochainement avec une chronique sur l’évolution assez inquiétante de la grille des programmes de l’antenne Afrique de RFI.

Source image: cedricmoon.oldiblog.com


Paul le poulpe n’est plus!

Son apparition fulgurante n’a eu d’égal que la brièveté de son passage dans la vie récente du football. Pendant la Coupe du Monde Afrique du Sud 2010, il a réussi à éclipser de sa justesse et de sa précision les plus immenses stars du ballon rond. Il est devenu le talon d’échantillonnage de tous les bookmakers du monde, le gourou de tous les parieurs. Il a réussi à entrer dans le top 5 des personnalités les plus marquantes de cette compétition, auprès des illustres Forlan, Iker Casillas ou Larissa Riquelme. Paul le poulpe, puisqu’il s’agit de lui, est mort ce matin en Allemagne.

Du jour au lendemain, le monde entier a découvert ce petit céphalopode qui de façon curieuse prédisait, sans jamais se tromper, à la faveur de quelle équipe tournerait une rencontre. Mais il n’avait pas attendu les joutes sud-africaines pour s’illustrer. En effet, ses propriétaires de l’aquarium Sea Life d’Oberhausen  l’utilisaient déjà pendant l’Euro 2008 pour faire des pronostics sur l’équipe d’Allemagne. C’est d’ailleurs pendant cette compétition qu’il effectua sa seule erreur connue : il se trompa en attribuant à l’équipe d’Allemagne la victoire finale, aux dépends de l’Espagne. L’inverse se produisit, soulevant alors la colère des allemands qui réclamèrent sa mort.

Pendant la coupe du monde, il fut tout d’abord utilisé pour les pronostiquer les matchs de la National Mannshaft (l’équipe de football de l’Allemagne, ndlr), allant jusqu’à prédire une défaite de la  Mannshaft contre l’Espagne. Les allemands, espérant que le pronostic tourne comme la fois précédente, il s’avéra cruellement pour les germaniques que Paul avait, en 2008, commis la seule exception qui confirmait la règle selon laquelle il était un pronostiqueur (ou devin) hors-pair. Il pronostiqua aussi l’autre demi-finale (Pays-Bas – Uruguay), la petite et la grande Finale.

Il nous a quittés ce mardi 26 octobre 2010 à l’aube, à l’âge de deux ans et demi.

Par René Jackson

Source image: plugrtl.be


Voyage vers l’Ouest – partie 1

Entrée de la ville de Bandjoun

Bonjour cher lecteur.

Les voyages font partie des expériences de tout un chacun. Nous nous déplaçons tous d’un endroit à l’autre, d’une localité à l’autre et ce pour des raisons aussi diverses que variées. Chaque voyage s’entoure de sensations et de perceptions sensorielles particulières. Mais aussi d’émotions spécifiques. Je vais vous raconter dans le texte qui suit (et en plusieurs parties) celles qui ont été les miennes pendant l’un de mes voyages de Douala (la ville où je vis) à Bandjoun (le village dont je suis originaire). Je vous souhaite une bonne lecture et j’espère que ça vous rappellera d’agréables moments passés sur les routes.

Bonabéri, un jour de pluie.

Il pleut tous les jours à Douala pendant cette saison des pluies. Je n’ai pas voulu prendre de parapluie et je suis abondamment trempé en arrivant à la gare routière. J’espère seulement que là où je vais il n’en sera pas ainsi. J’achète mon ticket, je me trouve une place dans un car et je me prépare à ce voyage long de 250 kilomètres, qui durera sûrement 4 heures et demie.

Treize heures. Le car démarre. Destination finale : Bafoussam. 252 kilomètres à parcourir vers le nord, deux provinces à traverser, sept départements à visiter, des dizaines d’agglomérations à pourfendre. Moi, je m’arrêterai à la dernière avant Bafoussam.

Bonabéri se trouve à l’extrémité ouest de la ville de Douala. Et la gare routière se trouve à la sortie de cette agglomération. Le car démarre donc de la gare routière et va parcourir encore sept kilomètres environ avant de sortir du département du département du Wouri au lieu dit Békoko, où se trouve un échangeur qui dessert Douala, Bafoussam via Nkongsamba et Buéa dans le Sud Ouest. A partir de là, on entre dans la département du Moungo, dans lequel se trouve la plus grande distance à parcourir (182  kilomètres très exactement) et dans lequel on fera un peu plus de 2 heures de trajet.

Ce début de voyage est tranquille. Le car va à une allure intermédiaire, c’est-à-dire ni trop vite, ni trop lentement. Dans l’habitacle aussi, tout est presque calme. On n’entend que le ronronnement du moteur, la musique qu’émettent en sourdine les enceintes audio du véhicule et le son produit par les gouttes de pluie qui tambourinent sur le toit et sur les glaces du car. Pas de conversation. Selon toute vraisemblance, la majorité des passagers de ce car voyagent seuls. Cette ambiance n’est corrompue çà et là que par quelques sonneries de téléphone portable ou par les gémissements sporadiques d’un gamin qui selon toute vraisemblance ne supporte déjà plus l’exigüité dans laquelle chacun de nous se trouve. C’est vrai qu’à ce niveau, j’ai eu de la chance. Compte tenu des surcharges, on voyage souvent mal. Mais sur la banquette sur laquelle je suis assis, une jeune femme avec deux garçonnets a eu l’idée de payer pour deux places. Et aussi, il n’y a pas de personne corpulente assise sur cette banquette. Donc, je suis dans un confort acceptable. Mais ma position au fond du car ne me permet pas de profiter pleinement de ce que peut offrir comme curiosités ce voyage. Je ferai avec et surtout, j’essaierai de rattraper le coup au retour.

Après une quarantaine de minutes de voyage, nous arrivons au premier péage. Celui de Souza. Le car qui ralentit se voit cerclé par des vendeurs et vendeuses qui proposent des produits divers tels que des fruits, des fritures, des rôtis… L’employé du péage remet un ticket au chauffeur qui lui, remet les gaz. Cette ambiance des vendeurs sera la même tout au long du parcours, que ce soit pour les péages officiels ou pour les autres plus clandestins qui sont devenus de véritables institutions, instaurés par les agents de la Sûreté Nationale que sont les policiers, gendarmes et autres routiers. L’arnaque y bat son plein. Et il y en a tellement sur le trajet, ces « contrôles » qui ne respectent plus leur nom. Je peux estimer à vingt ou trente minutes le temps qu’ils pourraient ajouter à la durée de ce voyage…

A suivre…

Par René Jackson


Cameroun: quand les inhumations freinent l’exode rural.

L’exode rural est la migration d’individus des campagnes et des zones rurales vers les villes. On estime par exemple qu’à elle seule, la ville de Douala, capitale économique du Cameroun, accueille près de 2 000 nouveaux habitants chaque jour provenant pour la majorité de l’arrière-pays. Diverses solutions ont été élaborées pour ralentir cet exode rural massif, avec des résultats très souvent mitigés. Ce qui n’a pas été pris en compte, c’est que les inhumations constituent motivation qui empêchent certains de quitter les régions rurales. Ceci se vérifie particulièrement dans la région de l’Ouest au Cameroun.


Ceci procède d’une tradition qui malgré les époques ne change pas: tout bamiléké (l’ethnie bamiléké est celle qui peuple en grande majorité cette région) doit voir sa dépouille mortelle acheminée jusqu’au village, jusqu’à la terre de ses aïeux et ceci quel qu’en soit le prix ou quel que soit l’endroit du monde où il est décédé.

Ceci étant, dans certains villages bamiléké, l’essentiel de l’activité économique tourne autour des morts. Les périodes fastes sont les week-ends, surtout le vendredi et le samedi, car le premier jour est celui où la dépouille est transférée au village et le second est le jour de l’inhumation proprement dite.

L’une des particularités de ces cérémonies funéraires est qu’elles drainent beaucoup de personnes, en grande majorité des personnes étrangère ou des natifs du coin vivant dans les grandes villes. L’occasion malheureuse oblige à beaucoup de déplacements. Le nombre moyen des personnes constituant un convoi pour un décès est de 200 personnes. Autant de personnes qui faut loger, nourrir et déplacer. D’où le constat est fait que par endroits, les marchés ne sont ouverts que du vendredi au dimanche. Pendant ces jours, les commerçants font de très bonnes affaires, les débrouillards aussi. Ainsi, certains ont fait du creusage de fosses mortuaires une véritable activité. Il en est de même de ceux qui offrent leurs services pour le nettoyage des concessions funéraires. Lorsque les routes deviennent particulièrement impraticables, certains s’improvisent porteurs – de personnes.

Certaines personnes de lointaine provenance profitent de leur présence dans la région pour faire du tourisme. Les sites touristiques y sont légion, la tradition qui y est encore profondément enracinée les émerveille et profitent aux organisateurs d’excursions et aux fabricants et vendeurs d’objets traditionnels.

Après les enterrements, la tradition veut qu’une collation soit offerte à ceux qui ont honoré la cérémonie de leur présence. Cette collation a fait naître un caste de véritables « serial pleureurs », des individus qui sont reconnus comme étant celles qui sont présentes à tous les obsèques ayant lieu dans une contrée et parfois même en dehors. Pour expliquer cela, on peut avancer l’hypothèse de la pauvreté qui est endémique dans ces régions. Les collations mortuaires étant une occasion dans laquelle on peut obtenir de la nourriture gratuitement, certains en profitent pour avoir leur pitance, parfois la seule pendant des jours. Ainsi, dans la foule assistant à une cérémonie funéraire, beaucoup n’ont aucun lien avec le défunt. Parfois, ils ne savent même pas de qui il s’agit. Et très souvent on a assisté à des rixes et à des bagarres quand il vient le moment de passer à la collation.

De tout ceci, il est clair que les villages bamilékés retiennent encore en leur sein certains de leurs fils et filles avec l’aide de ceux qui meurent. Mais malheureusement, ce n’est pas suffisant pour limiter la saignée qui s’opère dans nos zones rurales.

Source image: sylviocombey.wordpress.com


Editeurs de logiciels, pensez à l’Afrique!

S’il y a un domaine dans lequel le continent africain se targue souvent (et à tort, on verra pourquoi) d’être à jour, c’est bien le domaine de l’informatique.

Le marché africain et le ménages sont depuis quelques années submergés de matériels informatiques aussi divers que variés. Il y en a désormais pour toutes les bourses et tous les goûts. Le PC qu’on ne pouvait s’offrir au début des années 2000 à moins de cinq cent mille francs CFA (environ huit fois le salaire mensuel moyen) est devenu tellement bon marché que l’ordinateur s’avère être de plus en plus un mobilier incontournable dans les foyers africains.

Les africains (les jeunes plus particulièrement) se dotent actuellement d’ordinateurs à la pointe de la technologie. Ces appareils sont équipés d’options qui sont pour beaucoup d’entre elles inutiles dans le contexte où ces ordinateurs sont utilisés (en Afrique par exemple, peu de réseaux internet grand public offrent la 3G. Mais beaucoup de téléphones et de PC portables utilisés ici en sont équipés)

Le problème vient du fait que, ces ordinateurs, provenant en quasi-totalité de l’Europe ou de l’Amérique du nord, sont dotés des suites logicielles et matérielles de la plus récente génération. Et ces logiciels et matériels ont une particularité: ils se mettent à jour ou s’activent désormais en ligne, contrairement aux anciens types de logiciels dont les clés d’activation étaient soit intégrées au programme, soit fournies sur l’emballage du CD d’installation dudit logiciel ou matériel. Imaginez donc quelqu’un, perdu dans un village de la forêt équatoriale, ne disposant d’aucun moyen de se connecter sur Internet, obligé de subir les caprices de son logiciel antivirus, car ce dernier ne peut se désinstaller que si son ordinateur est connecté à Internet!

Il y a aussi le cas de programmes informatiques pour lesquels tenir le fichier d’installation ne veut pas dire avoir le logiciel au complet, car, une fois installée, cette portion du programme que vous deteniez devra dès lors télécharger la partie la plus importante en ligne. Connaissant nos débits de connexion locaux, tant pis pour le forfait.

Pour celui qui veut se mettre en règle, il va falloir qu’il achète une version authentique vendue dans les boutiques de consommables. Et là non plus, le produit n’est pas donné! A Douala, la suite logicielle Microsoft Office 2010 est vendue au bas mot à soixante mille francs CFA (environ 95 euros), quand le système d’exploitation Windows 7 se négocie à cent cinquante mille francs CFA (environ 230 euros)! Ne disposant pas de moyens financiers pour s’offrir une licence à ce prix, les possesseurs d’ordinateurs se retournent automatiquement vers le piratage.

L’une des propositions que l’on peut faire aux éditeurs de ces programmes informatiques est de concevoir des « version Afrique » de leurs logiciels les plus courants afin de les rendre plus accessibles aux bourses du continent. Quitte à les délester de certaines de leurs options. Et il faudrait qu’ils tiennent aussi compte du fait que l’accès à une connexion Internet, quoique étant en pleine vulgarisation, n’a pas encore atteint le niveau où chaque possesseur de PC en dispose d’une. Dans certains pays d’Afrique subsaharienne, la fibre optique, qui doit à elle seule révolutionner la pratique de l’Internet n’existe encore que dans les fonds baptismaux, pendant que sous d’autres cieux, c’est désormais une réalité plus que palpable.


Eliminatoires CAN 2012

En ce deuxième week-end du mois d’octobre sont prévus les matchs comptant pour la deuxième journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations de 2012 (co-organisée  par le Gabon et la Guinée équatoriale).

La grande interrogation de cette semaine était celle du maintien ou non du match opposant la Guinée au Nigéria, vu que ce dernier a été suspendu de toutes les compétitions internationales par l’instance faîtière du football, la FIFA, pour ingérence de la part du gouvernement dans le domaine réservé à la fédération de football du Nigeria. A la suite de cette décision de la FIFA, le gouvernement a tant bien que mal régularisé sa situation. Mais dans un communiqué de la Confédération Africaine de Football, la rencontre a été reportée à une date ultérieure pour la raison sus-citée, mais aussi à cause de la situation de grande tension politique qui prévaut actuellement en Guinée.

En dehors de cela, cette deuxième journée promet de chaudes empoignades. On peut citer entre autres: Rwanda-Bénin, Ghana-Soudan, Cameroun-RD Congo et un très sulfureux Togo-Tunisie.

Et vous, quels sont vos favoris et vos pronostics?

Par René Jackson