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Quand un autre mort se réveille...

Sur le banc du quartier, des histoires se racontent!

Il se dit qu’un jour, un grand homme passa l’arme à gauche. Et pour respecter le rang du défunt, il fallait faire de obsèques qui en jettent! Et qui dit obsèques dit bière (il ne s’agit pas ici de la décoction de levures et de champignons mitonnée par nos brasseurs, non! Espèce d’ivrognes) et apparats funèbres.

Les parents s’en furent donc dans une boutique de pompes funèbres. Du genre qui fait du tout-en-un, c’est à dire: cercueil, vêtements, gerbes de fleurs et corbillard. Il fut entendu que tout ça allait être fourni par notre pompe funèbre et ceci à une somme tout à fait indécente pour quelqu’un qui était déjà mort. Mais le propriétaire de notre boutique de pompes funèbres avait son idée derrière la tête…

Les obsèques eurent lieu. Grandioses! Après l’inhumation, les pleurs et victuailles habituelles, tout le monde s’en retourna chez lui.

Le propriétaire avait pris soin au préalable de dire au conducteur du corbillard de mémoriser l’emplacement de la tombe qui allait accueillir tout ce qui avait été acheté chez lui. Ce qu’il fit. Il comptait procéder à une profanation en bonne et due forme.

Un dicton dit: « un  homme mort ne connaît pas la honte ». Ou plus explicitement, un mort, qu’il soit couvert d’oripeaux royaux ou qu’il soit exposé tout nu en pleine rue n’en a cure. Ainsi, ce cadavre n’avait, tout compte fait, pas besoin de tout cet attirail! Il fallait donc l’en soulager.

En pleine nuit donc, le propriétaire des pompes funèbres, le chauffeur du corbillard et deux autres hommes se rendirent au caveau rouvrirent la fosse, exhumèrent le cercueil et refermèrent la fosse, avec à l’intérieur le macchabée. Totalement  nu. Ils emportèrent dans leur camionnette le cercueil, le costume dont était vêtu le défunt, les gants, les chaussettes et même les chaussures.

Le groupe cheminait tranquillement quand il aperçut au loin une patrouille de la police qui effectuait son contrôle de nuit. En fait, la patrouille était déjà là au moment de son  premier passage. Mais tellement occupé à ourdir son funeste plan qu’il était, il ne remarqua pas que cette patrouille risquait d’être une source d’embêtements à son retour.

La patrouille était toujours là. C’était impossible de passer avec ce cercueil derrière. Que faire? D’autant plus que ces policiers n’étaient visiblement pas prêts à partir! Après moult discussions, propositions, acceptations et refus, ils tombèrent d’accord sur une solution.

Comme je le disais précédente histoire que j’ai racontée ici, de façon générale, les gens éprouvent une peur viscérale quant à tout ce qui s’identifie à la mort et à toutes ses manifestations. Ainsi les policiers, en voyant un individu passer devant eux en pleine nuit portant un costume, chaussettes blanches aux pieds et portant des gants, tenant en mains une gerbe de fleurs et ayant sur la tête un cercueil sur lequel était posé une paire de chaussures, s’enfuirent sans demander leur reste. Le seul courageux (ou paralysé par l’effroi, c’est selon) de ces éléments qui ne bougea pas osa néanmoins poser la question: « Mais où allez-vous comme cela en pleine nuit avec un cercueil sur la tête? » Et l’homme de répondre: « En fait l’endroit où on m’avait enterré est situé dans un marécage et il y faisait terriblement froid. Là, je suis à la recherche d’un lieu plus chaud, où je pourrai enfin reposer en paix ». Sur ces mots, le policier s’évanouit et l’homme continua son chemin.

Il se dit sur le banc que c’est depuis ce jour qu’on monte la garde sur les tombes, par crainte des voleurs. La durée de cette garde varie en fonction de la résistance du bois avec lequel a été confectionné le cercueil. Mais ce sont les histoires du banc. Elles ne sont pas toujours vraies celles qu’on y raconte…

Par René Jackson.

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ntrjack

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