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Non! Moi, Africain, je n'applaudirai pas Donald Trump

Je me donne un droit de réponse au blogueur Didier Ndengue, ardent supporter de Donald Trump et dont les positions, à l’image de celles de son champion, me surprennent et m’interrogent. Et je dois l’avouer, j’ai quelque peu été outré par certains passages de sa dernière production, au point que je ne peux m’empêcher de les retoquer.

 

Non, moi, Africain, je n’accepterai pas, comme tu le demandes, Donald Trump. Parce que l’invective, la suspicion, l’injure, les insultes, les menaces sont inacceptables venant de quiconque. A fortiori de l’homme le plus puissant de la planète.

Le discours populiste, exercice dans lequel M. Trump excelle, a plusieurs caractéristiques, dont l’une des premières est  l’ignorance, voulue ou pas, de l’histoire.

Le discours nationaliste de M. Trump dissimule une vérité. « Make America Great Again » signifie, entre les lignes, de renforcer l’influence que l’Amérique a sur le monde. Une influence qui serait aujourd’hui menacée par les Chinois et par les Russes. Les insultes du président des USA envers d’autres peuples sont inacceptables quand on sait comment ce pays a étendu sa domination sur le monde et a imposé ses visions à la majorité des habitants de notre planète. Par l’intervention dans la seconde guerre mondiale, puis par le plan Marshall, l’Amérique a mis à sa botte l’Europe de l’ouest, l’une des régions les plus prospères. Et par voie de conséquence, toutes les régions du globe, c’est-à-dire plus de sa moitié, contrôlées par ces pays européens et s’en est servi pour coloniser la majeure partie du monde.

Le hip-hop, Coca-Cola, McDonald, Apple, Google, Boeing, la Nasa, Exxon Mobil, etc. Quel que soit le domaine d’activité, on découvrira que parmi les trois entreprises qui dominantes, il y en a au moins une qui est américaine. La grandeur de l’Amérique n’engage pas uniquement les hommes et les biens situés géographiquement sur le sol américain, mais met aussi à contribution les ressources tant humaines, immatérielles (l’intelligence), que matérielles (les mines, l’eau, la terre, le ciel, l’espace) de toutes les autres régions du globe.

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, nous vivons sous l’Empire américain, qui impose sa culture au monde. En utilisant les manières les plus softs (la télévision, la musique, la monnaie, les universités prestigieuses, internet) ou les plus brutales (l’Irak, l’Afghanistan ou le Vietnam en savent quelque chose).

Alors, je n’accepte pas que l’homme qui dirige le pays qui a participé, par le truchement de l’Europe occidentale ou, parfois même, directement, à la spoliation et à l’infantilisation de l’Afrique, puisse l’insulter, la traiter de « trou à merde ». Et je ne comprends pas qu’un Africain normalement constitué puisse applaudir, pour quelle que raison que ce soit, ces propos.

Didier, tu salues l’absence d’hypocrisie de Donald Trump, mais je tiens à ce que tu te rappelles que si son pays est devenu ce qu’il est c’est aussi grâce à cette force de travail africaine qui a été déportée par millions d’individus et dont tout à fait hypocritement (ou par ignorance) il insulte l’origine. Que tu n’oublies pas que son pays a été le chantre de la mondialisation qui a drainé les richesses dans une seule direction (la leur), établi pauvreté et misère ailleurs.

Les Etats-Unis, plus que tout autre pays, sont redevables de toutes les régions du globe, car sa grandeur provient du travail de toutes les populations migrantes (d’Afrique, d’Europe, d’Asie) qui l’ont bâti. Et aujourd’hui, quand on a un président des Etats Unis qui a rechigné à condamner les actions des néo-nazis et des suprémacistes blancs (pour qui l’Amérique appartient aux blancs, la race pure, alors qu’on sait tous que Christophe Colomb avait débarqué sur une terre déjà habitée et que les blancs ont décimé la population qui y vivait), c’est un problème.

Il insulte Haïti, la première république indépendante Noire (que les USA ont occupé de 1915 à 1934 ; dont la capitale a été investie par les soldats américains pendant le putsch de 2004), il insulte en des termes abjects notre Continent et je dois l’accepter? Non.

En même temps, je ne pense pas pouvoir te convaincre. Puisque tu sembles vouloir remettre en question des choses aussi évidentes que la forme sphérique de la Terre (parce que rien ne te le prouve).

 

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Auteur·e

ntrjack

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