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Mondoblog en 2011, mes pépites

 

 

Mondoblog en 2011, c’est des centaines d’articles publiés, des milliers de commentaires déposés à leur suite, des dizaines de milliers de visites sur l’ensemble des blogs.  Mondoblog en 2011 c’est aussi les rencontres qui ont eu lieu à Dakar et à Yaoundé pendant le mois d’avril qui ont permis aux différents membres de ce microcosme blogosphérique de se rencontrer physiquement après de longues semaines de discussions échevelées sur le forum mis en place par l’organisation. Environ une centaine de candidats ont sélectionnés pour ce concours de blogueurs, un peu plus d’une trentaine ont été finalement admis à participer à ces stages qui avaient lieu dans ces deux capitales africaines. Je vais d’emblée adresser une pensée à tous les mondoblogueurs sélectionnés qui n’ont pu effectuer le déplacement de Yaoundé et pour Dakar. Il s’agit notamment de Boukary Konaté du Mali (pour des raisons familiales), de Nelson Deshommes d’Haïti (des problèmes consulaires), de Félicité Coulibaly du Burkina Faso (à cause d’obligations professionnelles) et de Suy Kahofi de la  Côte d’Ivoire (dû à l’instabilité qui régnait dans son pays à cette époque). Le dernier auquel  j’adresserai  vœux particuliers est un mondoblogueur dont je ne citerai pas le nom ici, pour des raisons de sécurité. Nous avons aussi été touchés sur notre plateforme par des atteintes graves à la liberté d’expression et notre blogueur, à cause de ses écrits, a été incarcéré pendant tout un trimestre. Il racontait la vie dans son pays de façon générale et la tonalité de ses articles n’était pas des plus virulentes. Il l’a malgré cela payé de sa personne. Je ne mentionne pas les menaces, les insultes et les quolibets auxquels beaucoup parmi nous ont dû faire face. Mais ne vous méprenez pas ! Tout n’a pas été triste sur Mondoblog durant l’année écoulée. Loin de là !

 

Car des jours heureux, on en a eu. En commençant par les rencontres organisées à Dakar, puis à Yaoundé une semaine plus tard. Des rencontres qui nous sont brillamment racontées par Boukari Ouédraogo (pour Dakar) et par René Jackson, ici et , pour Yaoundé. Le récit des expériences vécues par les uns et les autres lors de ces jours de stage sont souvent comiques, mais le plus souvent empreintes de beaucoup d’émotion et de découvertes. Il en est par exemple le cas avec Manon Heugel qui raconte sa rencontre avec un taximan pas très loquace à Yaoundé (ce qui assez étrange car les taximen des villes camerounaises sont des véritables piaillards devant l’Eternel), avec Lalah Ariniaiana qui nous fait remarquer qu’à Dakar, les taxis ont une queue et qui nous raconte sa visite sur l’Île de Gorée (en nous expliquant au passage comment la couleur de sa peau lui a desservi lors de ce périple). Salma Amadore s’extasie dans un billet où elle raconte sa rencontre avec Mondoblog en un poème. Christelle Bittner esquisse le portrait du talentueux mondoblogueur guinéen Alimou Sow, qu’elle a rencontré à Dakar et qu’elle dit condamné à rêver. Les mois qui ont suivi ont montré qu’il n’était pas si condamné que ça, car notre Alimou déjà international, qui est monté pour la première fois dans un avion grâce au projet Mondoblog,  a bien connu la désillusion d’un visa refusé sec. Mais un peu plus tard, il a pu avoir accès au précieux sésame grâce à la diaspora africaine, ce sésame lui a ouvert les portes d’un stage au siège parisien de RFI dont il fait une cuisine interne. Les rêves d’Alimou se sont aujourd’hui mués en réalité. Il est à Slate Afrique, où il met régulièrement en ligne des articles évoquant sa Guinée Conakry natale.

2011 a été une année éminemment politique. Entre révolutions en Afrique du nord, la crise ivoirienne, les gesticulations tragiques d’AQMI au sahel et les multiples élections présidentielles sur le Continent (il y en avait 22 de prévus), on a été largement servis. Les mondoblogueurs ont bien entendu suivi le fil de l’actualité et l’ont décortiqué à leur façon. Mouammar Khadafi a été comparé à un rat, la famille Gnassingbé au pouvoir au Togo a été vilipendée, le fond des amours « merkoziennes » a été dévoilé. La situation en Côte d’Ivoire a été largement relayée dans les colonnes de Mondoblog et il est lieu de tirer ici un immense coup de chapeau à Suy Kahofi qui, malgré les combats, tout en se déclarant toujours fidèle au poste, accomplissait le miracle de poster plusieurs articles par semaine pour faire part de ce qu’il vivait à Abidjan, au cœur même des combats. La communauté sénégalaise (pays le plus représenté sur Mondoblog) a choisi de taper à bras raccourcis sur le président Abdoulaye Wade. Arouna Ba le décrit avec espièglerie comme étant le mathématicien-savant fou qui dirige le Sénégal, en appuyant sa théorie d’exemples pris à l’histoire de brillants scientifiques qui ont à un moment ou à un autre déraillé mentalement. Ameth Dia quant à lui, s’interroge tout d’abord pour savoir à quel jeu le président Wade joue, puis il exprime son ras-le-bol en employant un terme très utilisé ces derniers mois dans son pays : Y en a marre ! Il faut noter que les blogueurs -africains- de la plateforme ont souffert d’un préjugé lié au fait que le projet avait été lancé par RFI et beaucoup de lecteurs ont soupçonné une certaine collusion avec les mondoblogueurs qui étaient « employés » par RFI et avaient pour rôle de donner une image négative du Continent. Des multiples mises au point plus tard, beaucoup de lecteurs n’ont pas encore compris que chacun de nous décide librement de ce qu’il rédige. Johnny Vianney Bissakonou de la RCA a même publié une réponse à un lecteur qui l’avait contacté pour l’insulter et lui proférer des menaces de mort.

Les mondoblogueurs se sont aussi et surtout appliqués à raconter la vie dans leur ville et les difficultés quotidiennes. Suy Kahofi raconte l’activité des « gombotiers », qui sont les gens qui à Abidjan rôdent dans les stations de taxis, munis ou non de leur permis de conduire, espérant qu’un chauffeur désirant faire la pause leur passe le volant pour quelques heures, afin qu’ils puissent eux aussi avoir de quoi survivre. La même activité existe au Cameroun, mais elle est appelée le « lancement ». Il décrie ensuite le comportement des jeunes ivoiriens qui s’abandonnent à l’alcool et prouve à l’aide d’un certain théorème que chaque jeune à terme engloutit des PME, des voitures, des maisons. Andriamihaja Guénolé a participé en novembre dernier au Eleven Project, qui demandait aux acteurs du Web de marquer d’une pierre blanche cette date particulière qu’était le 11 novembre 2011. Le 11/11/11 à 11 heures 11, Andri a pris des clichés de toute beauté qu’il a bien voulu partager avec nous. Il n’a pas manqué de nous raconter avec une certaine poésie la triste mésaventure qu’a été la perte du Samsung Galaxy qu’il avait eu grâce à sa participation à Mondoblog. Alimou, quant à lui, s’était fait piquer le sien en plein Conakry, quelques jours avant son départ pour la France.

David Kpelly décrit la colère et le sentiment d’injustice qu’il a ressenti lorsque l’un de ses collègues s’est fait sévèrement réprimander après avoir encaissé une gifle reçue d’une étudiante pour une histoire de string. Arouna Ba, alias « Le Scientifique », quand il n’échoue pas lamentablement en essayant de nous faire comprendre les méandres de la physique nucléaire en rapport avec la catastrophe de Fukushima, décrit le cocasse Mur des lamentations de l’Université Cheick Anta Diop de Dakar ou nous raconte avec des photos l’une de ses visites au port de Dakar. Florian Ngimbis a constaté à ses dépens que les codes de séduction à l’Occidentale (pommes, fleurs, rendez-vous dans des coins romantiques) ne fonctionnent pas sur les camerounaises. Il fustige même DSK, qui, selon lui, n’aurait pas eu tous ces problèmes s’il avait eu la sagesse de s’attaquer à une femme de chambre d’un des hôtels du Cameroun. Lors d’une de ses bifurcations sur le Net, il a découvert à quel point pour certains, le pays dans lequel il vit était dangereux. Manon Heugel, quant à elle nous dévoile les joies et les peines de la colocation à Berlin, nous dit l’importance des compagnies aériennes low-cost dans sa vie entre Berlin et Paris, nous raconte comment, clouée par des intempéries, elle a pensé à enregistrer l’ennui du personnel réuni pour un tournage avec l’idée d’en faire un film.

René Jackson explique comment les bars à striptease (ou sans caleçon) ont colonisé sa ville et évoque avec humour les étranges expressions usitées dans les rues de Douala. Johnny Vianney s’insurge contre ces marches des plus en plus nombreuses à Bangui et qui sont à son avis inutiles. Il émet même l’idée de « marcher contre ces marches inutiles ». A la suite de cela, il prodigue quelques conseils pour vous en tirer sains et saufs si vous devez emprunter les rues de Bangui. Assani Salim explique toutes les difficultés qu’il y a à décrocher un stage académique à Bangui. Il emprunte ensuite le chemin de la légèreté en évoquant la période de pénurie des préservatifs à Bangui, pendant laquelle de nombreux amoureux furent aux abois. Salma Amadore, elle, mène son enquête sur la provenance d’un emballage de préservatif vide qu’elle a découvert dans le hall d’un établissement financier de Yaoundé, la capitale du Cameroun. Lalah Ariniaina raconte avec beaucoup de douceur l’ambiance qui a prévalu sur Antananarivo (Madagascar) pendant le Earth Hour.

Félicité Coulibaly nous fait la description d’un lieu étrange : un marché de la ville de Ouagadougou où on ne commerce que des produits utilisés pour l’ésotérisme et la sorcellerie. Ce marché est empli de bric-à-brac et d’objets plus hétéroclites les uns que les autres. Charles Le Bon Vodounon a lui assisté à la première réunion des jeunes togolais autour du web, non sans en profiter pour dévoiler les petits secrets culinaires qui permettent aux africaines d’avoir accès au cœur (ou aux poches) des mâles.

Dans le registre du rire, je vais mentionner quelques banderilles de notre spécialiste maison, expert en tacles appuyés à l’encontre des Gnassingbé et des cocus, j’ai nommé David Yao Kpelly. Je peux citer pêle-mêle l’histoire de la femme célibataire qu’on soupçonnait être la copine du président Faure Gnassingbé, celle du lézard-totem de Eyadéma, de la page Facebook de Faure. Je ne passerai pas sans évoquer l’hilarante aventure du jeune homme qui s’est retrouvé nez-à-nez avec un couple en pleins ébats sexuels et de la maman qui refuse que son fils épouse une fille militaire. Son compère Florian Ngimbis s’est retrouvé dans une situation rocambolesque. Si rocambolesque qu’avoir des fesses féminines remuant sous son nez n’a été d’aucun effet sur lui. Pour une fois. Enfin à Douala, on a découvert pourquoi  les pucelles ne savent pas faire l’amour.

Je ne saurais terminer sans saluer l’engagement de nos confrères Christelle Bittner et Boukary Konaté. La première œuvre au coeur de la Selva Central au Pérou à la défense des intérêts des planteurs de café locaux, le second à l’éducation des jeunes défavorisés dans les villages maliens.

 

Par René Jackson

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ntrjack

Commentaires

@legeekdusud
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+1

Tankya
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Ca me donne aussi envie de prendre ma plume et ...
Merci pour ce "récap' à pépites" 2011!

Anonymous
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Mon fils! quel travail! C'est courageux ça! Tout ça!Tu sais, des fois je me dis que bien que tu refuses de reconnaître que je suis ton père, le Ciel m'a tellement béni en t'offrant à moi et à moi seul, mon fils. Tu es courageux,comme ton père.
Amitiés

David Kpelly
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Mon fils, tu es terrible! T'as pris combien d'années pour faire ça hein? Là je m'incline devant toi,mon digne fils, c'est fabuleux comme travail. T'es courageux, comme ton père. Félicitations.
Amitiés

Ameth DIA
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Bravo à toi Réné tu as eu une très bonne idée!!! +10 je dirais :-)

Andriamihaja Guénolé
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Quel joli bouquet!! Merci pour les tags :)

Florian Ngimbis
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Bien ça!

thomas
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Une belle tranche de vie merci aux voyageurs.