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Mondoblog à Yaoundé, face B: Android, débauche et convivialité!

 

Un barcelet offert par une danseuse du club mais qu'il fallait rendre accompagné d'un billet

Quand j’intégrai la chambre 404 à mon arrivée le dimanche 17 avril dernier à l’Hôtel Prestige de Yaoundé, une odeur pleine de fraîcheur fut celle qui m’accueillit. Décidément, le personnel prenait grand soin des petits détails. Mais par après, je dus revoir ce jugement. Cette fragrance qui embaumait l’air était en fait celle du déodorant de mon co-chambrier, le Citoyen Blogueur. Tout sentait bon chez ce gars. Le savon qu’il avait ramené était un véritable délice olfactif. Quelques dizaines de minutes après mon arrivée à Yaoundé de dimanche-là, une pluie battante succéda à une ardeur solaire à faire rouir une carpe. Cela annonçait sûrement la série de contrastes qui marqueraient mon séjour dans cette cité, de ma vie avant et après cette escapade.

Mondoblog à Yaoundé c’est d’abord des rencontres. Des rencontres avec des personnes différentes de celles qu’on n’a pas l’habitude de côtoyer. des personnes qui ne partagent pas nos us, nos tics, notre phrasé, nos expériences, notre zèle ou notre subjugation.  Mondoblog à Yaoundé s’est révélé être -pour moi- un violent choc culturel, car la diversité des provenances créait de facto une diversité de sensibilités sur un sujet donné. On ne se comprenait pas toujours. A certains moments, j’avais réellement l’impression qu’on était juste des blogueurs ayant la langue française en partage. Qu’à cela ne tienne, il y a nombre de points sur lesquels on se retrouvait. Je me ferai le plaisir de les énumérer ci-après:

 

Android. S’il y avait un seul et unique point sur lequel les mondoblogueurs de Yaoundé pouvaient tous s’identifier, c’était bien sur ce terme. Chacun des blogueurs présents à Yaoundé se sont vus offrir, par une, ma foi, bienheureuse modification de l’un des termes d’un certain contrat, un smartphone  muni d’un véritable système d’exploitation. Une initiative que nous n’avions pas besoin de saluer de vive voix. Il suffisait de nous observer certains soirs à l’hôtel pour deviner l’intensité de notre gratitude envers les organisateurs. Il arrivait fréquemment que nous soyons tous autour d’une table, les yeux rivés sur un écran que nous tapotions frénétiquement de nos doigts. Ce qui était un bonheur pour nous qui pour la majorité découvrions un smartphone, a dû l’être moins pour les autres clients de l’hôtel. Et on imagine bien la nature du soupir qu’ils ont poussé à notre départ. Car avec quelques fois une dizaine de téléphones et deux ou trois ordinateurs personnels connectés en même temps sur le réseau WiFi de l’établissement, il y a souvent eu des plantages du réseau à propos desquels notre responsabilité ne pouvait être complètement dégagée…

 

Débauche. Par un bienveillant hasard du destin (ou à dessein), les mondoblogueurs qui se sont retrouvés à Yaoundé étaient de joyeux personnages. C’était quelque peu prévisible car certains qui étaient là avaient déjà révélé leur personnalité à travers leurs blogs et aussi à travers les échanges sur notre forum de discussion sur Facebook. Au Cameroun, il y a une une expression populaire qui décrit les cités une fois le soleil couché. Pour le cas d’espèce, il s’agit de « Yaoundé By Night ». Et pour tout dire, nous avons bien profité du Yaoundé By Night. Peut-être même un peu trop.

Car dès la soirée de lundi, on sortait en pleine nuit. Et cela a été ainsi pendant presque tous les autres soirs de notre séjour. Notre port d’attache: une boîte située au lieu dit Intendance, au coeur de la ville. Au rez-de-chaussée de la boîte, un podium sur lequel se trémoussent des filles plus belles et plus sexy les unes que les autres, qui partagent une autre particularité: elles possèdent des coups de bassin à tomber à la renverse. Et ces filles ont tellement dansé dans leur vie qu’elles en sont arrivées à jouir d’une plastique presqu’irréprochable. Personnellement, je me suis extasié devant leurs abdomens sans une once de graisse qu’elles exposaient aux yeux de tous. Elles chantent en play-back sur les derniers airs à la mode, souvent accompagnées de garçons. Je dus malgré moi partager ce podium avec une midinette à l’allure de Lady Ponce. Elle avait commis l’erreur de poser sur moi sa ceinture et je l’ai utilisée pour presque socratiser en public.

A l’étage, le spectacle était d’un tout autre ordre. C’était carrément sexuel. Il y avait au fond de la salle un mât sur lequel toutes les filles s’exhibaient. Le balai était le même à chaque fois: un mec aboyant dans un micro annonce la prochaine bombe qui s’offrira à nos yeux. La belle traverse la salle, monte sur le podium, se trémousse autour et sur ledit mât, se met toute nue, remonte sur le pauvre mât, effectue quelques figures d’équilibriste, puis descend vers les voyeurs, monte sur leurs tables, écarte les jambes afin leur montrer au plus près l’origine de la vie. La seule façon d’empêcher ou d’arrêter  cette insupportable vision d’horreur est de leur glisser un billet… là où bon vous semble. Mais certains clients vicieux (et radins) profitent allègrement du spectacle jusqu’à ce que la belle, ayant constaté leur côté pingre, se dégage d’elle-même pour aller « se faire voir » ailleurs. L’une d’elles m’a particulièrement alpagué, parce qu’à chacun de ses deux passages, elle a pris le soin particulier de me présenter sa fontaine de jouvence. S’il n’y avait pas cette quasi-pénombre qui régnait, je crois que je serais capable d’en décrire les moindres contours. Après avoir constaté ma mansuétude (puisqu’à chaque fois, elle a réussi à me faire sortir des billets de la poche), elle me propose de rentrer avec elle. J’ai bien évidemment accepté (puis je me suis éclipsé en douce).

Ce spectacle nous a tous scandalisés. Il était même insupportable pour certains d’entre nous qui ont quitté la salle. Je retiens surtout le paroles de  Cédric qui disait qu’à Paris, il fallait débourser une somme vraiment conséquente pour qu’une strip-teaseuse puisse seulement faire glisser une bretelle de son soutien-gorge. Ici, elles se montraient d’une lascivité extrême et n’étaient même pas sûres d’en sortir avec un petit billet de 500 francs. Le scandale n’a malgré tout pas empêché que nous y prenions nos habitudes; au point où chaque fois qu’on y débarquait, l’impresario présentait les journalistes venus du Congo Démocratique.

 

Convivialité. S’il y a deux mondoblogueurs qui se sont entendus comme deux larrons en foire, c’est bien David et Florian. Et les deux combinés, c’est un spectacle qu’il ne faut rater sous aucun prétexte. David a atterri à Yaoundé avec un liquide à l’aspect totalement inoffensif, puisqu’il était limpide comme de l’eau. Jusqu’à aujourd’hui, certains doivent encore se demander comment est-ce qu’il a pu passer les douanes des aéroports successifs qu’il a traversés pour arriver jusqu’à nous. Il suffisait qu’on débouche la bouteille pour que tous ceux qui l’environnent soient K.O. Cédric s’est essayé à l’ingurgiter. La conséquence fut que lendemain, Ziad était le seul à nous tenir à l’ESSTIC. Moi je n’y ai pas goûté. J’ai déjà mon expérience avec ces liquides à l’air innocent.

La convivialité ne s’arrêtait pas là. Il y a une collection de termes et d’expressions lancés ci et là qui ont animé notre semaine à Yaoundé. Kaléidoscope:

– Convivialité: un mot qui dans notre contexte  avait une consonance quelque peu sensuelle. Je ne peux vraiment l’expliquer ici. Seuls les initiées peuvent comprendre. Mais il ne se passait pas 15 minutes dans une discussion sans que ce terme soit utilisé. Pour notre plus grand bonheur à chaque fois.

– (…) qui fait briller (…): Salma Amadore, dans un rendu de travail pratique sort malencontreusement qu’un jeune cinéaste fait briller le cinéma camerounais. Une mise au point du Docteur Mbede plus tard,  qui affirme qu’il ne connait pas du tout cet individu qui est sensé faire briller le cinéma de son pays et l’expression devient culte. Elle est ensuite retournée à toutes les sauces, pour le plus grand désarroi de Manon.

– Logiciel de reconstitution faciale avec détecteur d’empreintes digitales,  lecteur de rétine et à reconnaissance vocale qui ne sait voir que les bamilékés (groupement ethnique du Cameroun): une application créée par Florian, sous inspiration d’une personne qui suscitait son antipathie et qui a glissé sur le terrain toujours dangereux en Afrique des différenciations ethniques. L’application a été récupérée et perfectionnée par Cédric qui à chaque fois en réécrivait les codes binaires pour la rendre encore plus tordante de rire. Mais Manon, elle, ne riait franchement pas.

– Ca détend: expression favorite de David. Le truc, c’est qu’il avait une façon de la dire très particulière,  plaisante, qui faisait toujours réagir au moins l’un d’entre nous.

 

Notre séjour à Yaoundé fut un moment d’études et de franches rigolades. A certains moments, ça tirait dans tous les sens. Ceci sous l’oeil avisé de Ziad Maalouf qui savait écouter, mais qui de par des interventions incisives, toujours fort à propos et un brin vicieuses savait provoquer l’hilarité générale.

Malheureusement, nous avons dû nous séparer, comme il était prévu de toute façon que nous le fassions.  Ce fut pour ma part avec un légère tristesse tout de même. Il est vrai qu’on blaguait beaucoup et que par voie collatérale, certains ont pu s’en trouver froissés. Mais comme on dit souvent chez nous : « faut pas fâcher hein! Nous s’amuser ».

 

Je vais terminer en adressant mes remerciements et ma vive reconnaissance à Salma Amadore (chez qui on a mangé un ndolè divin), à David Kpelly et à Florian Ngimbis (pour les scènes cocasses dont ils ont été les acteurs principaux), à Cédric Kalondji (avec sa propension à faire des marrantes extrapolations), à Citoyen Blogueur (qui m’a offert un joli pendentif), à Manon Heugel (pour la profonde et enrichissante conversation que nous avons eue), à Charles Le Bon Vodounon (pour sa phase de pilonnage), à Johnny Vianney Bissakonou (et son concept de convivialité), à Jean Paul Lwesso (qui a essayé en vain de nous éloigner des chemins de la perdition) et à Ziad Maalouf (en compagnie duquel les prix à nous communiqués par les commerçants du marché Mokolo de Yaoundé passaient curieusement du simple au triple). C’est grâce à vous tous et à chacun que ce périple fut un réel bonheur et demeurera pour moi un souvenir impérissable.

 

Par René Jackson

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Auteur·e

ntrjack

Commentaires

Christelle
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C'était chaud... très sympa ce portrait, ça me permet d'en savoir bien plus...

David Kpelly
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Ô dieu Jack! Toi qui sais réellement révéler tout ce qui est caché à la face de cette terre, nous te prions, pauvres petits aveugles, de continuer de nous éclairer sur tout ce qui s'est passé à Yaoundé.
Non, mon gars, tu es super. Tu sais, c'est très beau, ce travail minutieux que tu as fait. Tu a presque tout dit, et de manière très plaisante. Je pense que Yaoundé restera une belle aventure pour nous tous (même ceux qui n'ont pas sincèrement rigolé devant certaines blagues à zéro sous de moi, Florian et Cédric) surtout sur les détecteurs d'ethnies... Ah, on s'est marrés... Et ça détend! C'est ca la convivialité conviviale! Allez, Florian, dis quelque chose, juste quelque chose!
Merci, notre Jack national!
Amitiés

Charles Lebon
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Jack, vraiment je te tire chapeau!
A la lecture, je revivais cette ambiance assez particulière et significatif. Puisse cette plate forme Mondoblog qui nous uni, nous amène à véritablement former une famille, un cercle de proposition alternatives dans le concert des idées pour le bien-être de la mère-Terre!

Ouédraogo
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Ce qu'il faut dire, c'est que vous vous êtes bien amussés. En plus, tu ne fais que confirmer l'image qu'ont laissé David et Florian sur la toile. Mais, je m'attendais à plus de revelations

Manon
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J'avoue, fort bien raconté cher Jack..;

René Nkowa
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@Christelle: et je n'ai même pas tout dit!
@David: Je ne suis pas Dieu ;) C'est vrai que tout à Yaoundé ne fut que détente et convivialité! Beaucoup de rires, beaucoup d'excès aussi.
@Charles: j'espère de tout coeur que l'occasion se renouvellera et qu'on se retrouvera, pourquoi pas, avec même les blogueurs de Dakar!
@Ouédra: On ne peut pas tout dire! Ce que je décris là n'est que la face visible de l'iceberg. La grande partie restera dans nos mémoires. Je suppose qu'à Dakar, vous aussi vous avez vécu de grands moments.
@Manon: Merci, mais c'est aussi grâce à vous que cela a pu être possible!

Florian Ngimbis
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@Charles: "cercle de proposition alternatives dans le concert des idées pour le bien-être de la mère-Terre!" Vodounon-le-Pilonneur de qui te moques-tu ;) ?
@David: la conviviavilté est un art de vivre que je me propose d'enseigner désormais à tous ceux qui sont coincés et bornés. Le panda a même osé oublier des talents de chanteur. Bon c'était heal the world hein? même mon dernier neveu le connaît par coeur ;)
@Jackson: chouette article mon petit panda. nous autres qui avons vécu les évènements en direct savons que tu as éludé plein de faits. Tout de même! de la pudeur mes enfants! Je ne te permets pas de déniger le nectar de mon ami Kpelly hein? Breuvage que je suis d'ailleurs en voie de breveter avec son accord.
Ce fut chouette de vous rencontrer tous. Je regrette certes de n'avoir pas pu dépraver JP Lwesso, mais mes frustrations se sont résorbées un certain soir face à un certain cinéaste qui brillait alors de tout son éclat trompeur hihihihihihi!
Le monde est peti mes amis. Vu que vous savez ce qui me fait plâner, préparez vous à me recevoir un de ces quatre.
Peace mes frères!

Florian Ngimbis
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Je déplore le fait que Bissakonou ne tienne pas la place qu'il mérite dans cet article. Purée! c'est tout de même le créateur de la Convivialité! et de bien d'autres concepts, purement utopiques ceux là... ;)

Johnny
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Convivialité!!!! Bandes mondoblagueurs dépravés par les soirées exhibitionnistes de Yaoundé...R.A.S Jack ! Tu m'as fait revivre le séjour au mboa
Dear Florian: La place que m'a réservé Jack me suffit amplement...
Ceci dit, j'ai aimé le séjour, vos compagnies, nos balades, et je garde une pensée particulière et affectueuse pour chacun.

Johnny
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Convivialité!!!! Bandes de mondoblagueurs dépravés par les soirées exhibitionnistes de Yaoundé…R.A.S Jack ! Tu m’as fait revivre le séjour au mboa
Dear Florian: La place que m’a réservé Jack me suffit amplement…
Ceci dit, j’ai aimé le séjour, vos compagnies, nos balades, et je garde une pensée particulière et affectueuse pour chacun.

ziad
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Chouette article René et merci d'avoir raconté la face cachée de ce séjour

René Nkowa
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Tout le plaisir fut mien, cher Ziad!

Jean-Paul Amuri Lwesso
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Bonne description de l'ambiance qui régnait à Yaoundé, Jack!
Vraiment, le souvenir que je retiens de chacun de vous est très fort et indescriptible.

@Florian, me dépraver serait altérer l'image de Mondoblog qui nous admet au même titre malgré toutes nos différences!

Vive Mondoblog!!

Charles Lebon
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@Florian en disant que notre plate-forme mondoblog soit un "cercle de proposition alternative dans le concert des idées pour le bien-être de la mère-Terre!", ce n'est pas une illusion. Si peut-être c'est une illusion, les forces créatrices en ont certainement besoin pour qu'elle devienne une réalité. lol.

Par ailleurs je crois que Johnny mérite bien un plus dans ce article.lol

salma Amadore
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ça ajouté dakar , vraiment la nostalgie va me tuer Jack