Deux jeunes femmes m’inspirent ce billet. La première est mince. Un mètre soixante quinze à peu près. Sourire charmeur. Charmante et maniérée. Elle a une démarche de déesse, suit des études supérieures. Elle parle le français plus qu’une française. Tellement belle qu’elle a été élue il y a quelques semaines Miss Cameroun. Un vrai bijou en somme. La seconde est comme la malchance qui accompagne toujours un diamant. C’est une personne aux particularités physiques qui sortent un peu du commun. Elle doit mesurer un mètre soixante-cinq. C’est un beau bébé de plus de cent cinquante kilos. Sa peau est d’un noir sale, sa peau exsude perpétuellement une sueur grasse. Pour couronner le tout, c’est une vendeuse de poisson braisé. Donc en plus de spécificités morphologiques dignes d’un char d’assaut, elle trimballe partout des relents de cale de bateau de pêche. Deux personnes qui n’ont à première vue rien en commun ? Pourtant elles se partagent une chose : ce sont des belles femmes.
Etrange, direz-vous ? Ma vendeuse de poisson braisé n’a aucune chance d’attirer le regard, sauf celui des curieux qui s’interrogeraient sur cette citrouille sur pattes. Alors, dans ce cas, comment expliquer qu’elle soit autant courtisée ? Moi je refuse de penser que ce sont des gens frustrés et en manque de sensations sexuelles qui la chacalent. Ce ne sont pas les femmes aux proportions normales qui manquent dans les alentours. Mais non, les hommes la coursent. Perpétuellement.
Dans notre société, des deux, c’est mademoiselle Miss Cameroun qui devrait se faire du souci. Elle est agréable pour les yeux. Mais pour ce qui est du reste, il vaut mieux d’abord tester la marchandise. Parce que les belles-mères camerounaises sont extrêmement regardantes sur leur bru. Et pour elles, il y a une catégorie de filles que j’appellerai les « est-ce que tu vas la supporter ? »
Parmi elles, viennent en premier les filles adeptes de piercings, de tatouages et de ce genre de fantaisies. Les deuxièmes ce sont les filles des autres tribus. Les troisièmes sont les filles qui poussent trop sur la coquetterie, qui portent les extensions capillaires chères, ont une peau diaphane qui indique une utilisation massive de laits et autres lotions, toujours en fards et clignotants. « Est-ce que tu vas la supporter ? Je te donne encore l’argent de poche et sur quoi comptes-tu lui acheter ses produits ? » Les quatrièmes dans cet ordre ce sont les filles minces.
Par définition, une miss est une personne qui a réduit sa masse corporelle à sa plus simple expression. Si elle entre dans les canaux de beauté occidentaux, très peu pour nous. Au quartier, elle ne sera pas celle sur qui nous jetterons notre dévolu en premier. Ces grandes choses squelettiques font même peur. Dans vos étreintes tu as l’impression d’avoir affaire à un fagot d’os. Rien pour adoucir le choc des corps. Miss Cameroun, je n’ai rien contre toi. Tu es une camerounaise, donc tu es belle. Sur le marché, tu suscites à coup sûr la convoitise de quelqu’un.
Il y a quelques semaines, j’essayais de tromper mon oisiveté avec un ami tout aussi inoccupé. Sur notre fameux banc du quartier (si, si, il est toujours là, le fameux banc). Et nous reluquions sans ménagement tout ce qui passait par là. A un moment il m’a dit : « Jack, je vais te faire un aveu : il n’y a pas moyen que je sois un homme fidèle. C’est impossible ! Il y a trop de belles femmes au Cameroun ».
Et il avait raison ! Les camerounaises sont trop belles ! Pourquoi être condamné à en choisir une seule, quand elles sont toutes si irrésistibles ? C’est injuste ! La femme camerounaise est faite pour le plaisir des yeux mais aussi d’autre chose.
On a parlé de la fille mince, qui a besoin d’un homme. Qui va lui redonner ces arguments qui lui font défaut : des amortisseurs. On a aussi parlé de celle bien en chair, qui te tient bien au chaud pendant les nuits froides, et qui a un physique bâti pour porter tes enfants et surtout pour s’en occuper si tu vires à l’ivrognerie. Si tu n’y es pas déjà trempé.
Autant il existe chez nous deux petites catégories d’hommes (ceux qui ont du pognon et ceux qui n’en ont pas) autant les femmes sont dispatchées en plusieurs catégories. On en citera seulement les principales. Qui tournent autour des tendances chromatiques.
On a d’abord les filles noires. Dans un pays de Noirs, on trouve encore le moyen d’appeler quelqu’un d’autre « noir ». Pour bien montrer le noir en question, on dira qu’il est noir comme un sénégalais (désolé, frères et sœurs de la Téranga. On se sent toujours mieux quand on se dit qu’il y a plus con que soi. Donc dans notre cas, plus noir). En fait, la fille noire est celle qui a la peau d’ébène. D’un noir obscur, luisant. Notre vrai teint. On la courtise parce qu’elle est la femme noire authentique, une espèce de plus en plus rare. La faute à ces trucs décapants.
Ensuite, il y a les brunes. Autre paradoxe. En français, le « brun » désigne ce qui est sombre ou qui tend vers cela. Au Cameroun, une femme brune est une femme qui a un teint plutôt clair (à gauche sur la photo). Et Aimé Césaire ne cesse de se retourner dans sa tombe quand on dit d’une femme qui a le teint très clair qu’elle est « très brune ». Désolé Aimé, tu es mort et puis chez nous, on a l’habitude de dire que le français est élastique, et que chacun le tire de son côté. Les femmes dites brunes sont celles qui ont la côte actuellement.
Après les brunes, on a les teint chocolat (à droite sur la photo). A mi-chemin entre le 100% pur cacao et le chocolat blanc. Elle n’est pas claire, mais pas d’ébène non plus. La douceur garantie. Je pourrais aussi citer les albinos et les wadjasses (terme qui désigne les femmes musulmanes, en majorité originaires du nord du pays). Ces dernières sont toujours drapées de plusieurs couches de tissus, mais souvent, d’un coup de rein, l’air de rien, on devine des courbes appétissantes. Leur charme vient de la curiosité qu’elles suscitent. Les choses cachées sont les plus convoitées.
Les métisses. Les filles d’ici et d’ailleurs comme aurait dit l’autre. Dans d’autres cultures, on se sait pas ou situer les métis, parce que les Blancs les appelle Noirs et les Noirs les appellent Blancs. Pauvre Barack Obama. Mais nous ici à Douala, on sait exactement où est-ce qu’on situera la fille métisse : sur un parallélépipède rectangle de deux mètres sur un mètre quatre-vingts, plein de duvet et cerné de quatre murs. Pour des matchs à guichets fermés. Et après on se promènera au bras de notre trophée. Il n’y a rien de plus jouissif que de se montrer avec une métisse. Pas surprenant qu’elles soient jalousées par les camerounaises des castes précitées.
La ville de Douala est un interminable chemin de croix pour ces malheureux qui ont fait vœu de fidélité.
La camerounaise est coquette. Elle a une capacité d’assimilation des tendances de mode d’une rapidité et d’une efficacité rare. Pour couronner le tout, elle a tout ce qu’il faut là où il faut. La camerounaise a toujours une poitrine dont l’opulence mettra en valeur le décolleté le plus acrobatique. La camerounaise a toujours les hanches qui permettront à son moulant d’en épouser les chutes vertigineuses. La camerounaise aura toujours un arrière-train qui nous fera remercier ad vitam aeternam celui qui a eu l’ingénieuse idée de créer le pantalon slim et son compère qui a inventé le string.
Laquelle moi je préfère ? Aucune et toutes à la fois. Je suis un polyglotte de l’amour. Je parle toutes les langues possibles. Pourquoi faire la fine bouche ou être sélectif quand on vit dans une telle opulence ? Hum, moi je n’ai pas le moule hein ! Je ne fabrique pas l’autre. D’ailleurs, je suis un cœur à prendre. Intéressée ? Envoie ton CV à l’adresse en haut à droite.
Ce n’est pas là que je voulais en venir, il faut que je le précise. Mais puisqu’on en parle…
Par René Jackson
Merci à l’admin de Les Camerounaises Sont Les Plus Belles de m’avoir permis d’utiliser l’image illustrant ce billet. Vous aurez remarqué les couleurs des bracelets de la fille et surtout leur ordre.
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