Chers lecteurs, dans ce billet, je traite de deux sujets différents (c’est bien la première fois que ça arrive sur ce blog) tout simplement parce qu’ils sont d’une actualité brûlante et me tiennent particulièrement à cœur. Je souhaite ardemment en parler.
Le chant du cygne
Les évènements actuels en Libye sont en train de virer au drame. Il est question de plusieurs centaines et même de milliers de morts déjà. Avant-hier, le monde est resté pantois devant les propos assez surréalistes tenus par un dictateur qui, s’il ne le sait pas, est déjà en sursis, après 42 années bien sonnées d’un pouvoir absolu.
Quand on observe la série de renversements de dictatures qui a cours actuellement dans le monde arabe, les scénarios sont d’une similarité bluffante! Le discours du Guide de la révolution libyenne, qui a duré plus d’une heure d’horloge, était une affligeante séance d’auto-congratulation et de mythification de celui qui parlait de lui-même à la troisième personne du singulier. Quand il dit qu’il ne quittera pas le pouvoir et se battra jusqu’à la dernière goutte de son sang, on a une impression de déjà entendu. Ce sont les mêmes paroles qu’ont prononcé tour à tour Ben Ali et Moubarak ces dernières semaines. Et ils ont fini par quitter le pouvoir. Voilà déjà un élément qui annonce la chute de l’actuel leader libyen.
Il appelle la population et les forces vives du pays à « descendre dans les rues et chasser les drogués et les agents d’Al Qaida » qui se font passer pour des manifestants. Il s’est répandu dans un long délire mégalomaniaque en disant que Kadhafi « n’est pas un être humain comme les autres qui se font renverser par des manifestants » en menaçant même son peuple de « les écraser comme à Tienanmen (Chine) ou à Fallouja (Irak) ». Des gens meurent. Tous les jours. Et chaque victime qui tombe, chaque goutte de sang qui s’écoule scelle de façon irrémédiable son sort. Je vais peut-être me lancer dans des conjectures en m’avançant ainsi, mais ce bonhomme et son régime seront tombés d’ici le mois de mars!
Je n’ai jamais compris les raisons pour lesquelles des gens sont prêts à faire passer leurs congénaires pour de la chair à canon. En plus pour des motivations aussi égoïstes et viles que celles de conserver un pouvoir qui n’est manifestement plus.
D’après la légende, un cygne muet, sentant venir sa mort, chanta pour la première fois une mélodie de la manière la plus merveilleuse qu’il soit. J’ai parlé de chant de cygne plus haut? Ben, c’était une erreur. Cela s’apparentait plutôt aux éructations échevelées d’un vieillard accro à sa petite personne et au pouvoir, s’estimant être plus intelligent que quiconque d’autre dans son pays. Au point d’écrire de sa seule inspiration le fameux Livre Vert, qui sert de constitution à la Libye depuis plus de quatre décennies!
Kadhafi, cesse de verser du sang. Démonte ta tente et va la planter ailleurs qu’en Libye, là où d’ailleurs on pourra t’accepter. Tu as déjà assez fait rigoler la palnète comme cela!
Le triangle de la mort
Le triangle de la mort (ou le triangle des Bermudes, c’est comme vous voulez) a encore frappé avant-hier. J’étais déjà sonné par les sottises et la cruauté qui filtraient du discours d’un vieux dictateur. Le triangle de la mort m’a achevé!
Le triangle de la mort? Le triangle des Bermudes? Toutes deux sont les variantes d’un même sujet: ce sont en effet les axes routiers qui relient les trois villes les plus grandes du Cameroun, à savoir par ordre d’importance Douala, Yaoundé et Bafoussam.
Mardi, un accident de la route a eu lieu à Boumnyebel, une localité située à une heure de route de Yaoundé. Un minibus, provenant de Douala, a tenté un dépassement dangereux et s’est retrouvé nez à nez avec un grumier. Bilan: 27 morts sur place. Il y a deux mois un carambolage a fait plus de vingt morts sur ce même axe. En 2003, deux autobus sont entrés en collision frontale. 33 personnes en ont perdu la vie. En novembre dernier sur l’axe Yaoundé-Bafoussam, un conducteur d’autobus ignore un virage et fonce dans la broussaille: 32 morts. Si vous parcourez l’axe Douala-Bafoussam, vous rencontrerez des panneaux indiquant « Ici, 16 morts », « Ici, 30 morts », « Ici, 25 morts »… Je peux citer des exemples pareils à l’envi.
Aucun camerounais ne peut assurer qu’il emprunte ces axes dans une tranquillité absolue. Il suffit de se remémorer des hécatombes qui ont lieu sur ces routes pour avoir les tripes nouées pendant toute la durée du voyage.
Les causes sont nombreuses: erreurs humaines, alcoolisme, vétusté des véhicules, tout y passe. L’état des voies est acceptable, tous les nids de poules ont été bouchés. Mais il est évident que ces chemins ne conviennent plus au trafic qu’ils supportent. Tenez par exemple: l’axe-lourd Douala-Yaoundé n’est en fait un axe-lourd que de nom. Certains ici l’appellent ironiquement le sentier. Au moment de sa construction, c’était sensé être une autoroute. Cela fait vingt-cinq ans aujourd’hui qu’il est là et les portions dont la largeur de la chaussée dépasse huit mètres, mises bout à bout, ne font même pas 30 des 240 kilomètres de la longueur totale.
Les chiffres sont ahurissants. Sur le seul axe Douala-Yaoundé entre 2004 et 2006, on a compté 841 accidents qui ont fait 1621 victimes. C’est-à-dire un peu moins de 3 morts au kilomètre par an! Les mêmes enquêtes désignent le triangle des bermudes comme étant le plus accidentogène du pays. A un tel point que depuis quelques années, l’ambassade de France déconseille aux citoyens français résidant ou de passage au Cameroun d’éviter de s’y hasarder et de lui préférer l’avion.
Par René Jackson
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