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L'aéroport international de Douala, cette impasse

Quinze compagnies aériennes, parmi lesquelles la compagnie nationale, ont envoyé un courrier commun au directeur général d’Aéroports du Cameroun, dénonçant l’extrême vétusté de l’aéroport international de Douala. Cette missive reproche à la plateforme aéroportuaire de la capitale économique du Cameroun un état de délabrement que tout œil averti constaterait du premier coup. Alors, j’ai sorti de mes archives ce vieil article, non publié, relatant mes quelques expériences avec cet aéroport, qui est finalement celui que j’ai le plus fréquenté et dont je ne suis pas très fier, en tant que citoyen de cette ville.

 

Un jour, alors que je devais prendre un avion pour un décollage peu avant l’aube, il me fallait quitter mon domicile vers trois heures du matin. Pour ce faire, j’avais sollicité les services d’un taxi. Sur le trajet, le chauffeur me dit : « Montez la vitre. Là devant, il y a des ralentisseurs sur la chaussée et les agresseurs profitent de la décélération des véhicules à cet endroit pour sévir ». Je me suis empressé d’actionner la manivelle du lève-vitre. Nous avons passé cet endroit sans encombre et peu après, il me déposait à l’aéroport, du moins à l’entrée de l’aéroport. Pour le transport des deux sacs de voyage que j’avais avec moi jusqu’à l’entrée de l’aérogare, ce fut une toute autre histoire.

 

Des alentours peu guillerets

Avant même d’arriver à l’aéroport à proprement parler, le spectacle devant lequel les voyageurs se retrouvent est assez indigne. Pourtant situé en pleine ville, il est surprenant de constater à quel point les abords de cette infrastructure sont des coupe-gorges parfaits. Le fameux ralentissement qui nous oblige à lever les vitres se trouve à moins de deux cents mètres de la clôture d’enceinte de l’aéroport (en arrivant du Terminus Saint-Michel, pour ceux qui connaissent).

Une autre fois, alors que j’avais atterri de nuit à Douala avec des collègues (vers une heure du matin), nous tentions de trouver un taxi pour quitter l’aéroport. Pour cela, il fallait traverser le parking, mal éclairé, situé juste devant l’aérogare. Initiative très vite douchée par un agent de l’aéroport : « Si vous n’avez pas de voiture qui vous attend, je vous conseille d’attendre que le jour se lève avant de partir. Des passagers ont été récemment détroussés par les voleurs dans le parking ». Nous nous sommes donc assis et nous avons attendu six heures du matin.

Sans avoir une grande expérience des aéroports internationaux, il y a quand même des choses qui tapent désagréablement à l’œil quand on arrive à Douala et qu’on a parcouru d’autres aéroports, notamment africains. L’aménagement extérieur de l’infrastructure est une catastrophe : les voies d’accès sont en mauvais état, on ne s’y sent pas en sécurité, elles sont jonchées de nids de poule, en plus de ne pas être éclairées. En revanche, à Dakar (Sédar Senghor), Abidjan, Antanarivo et même Yaoundé, les alentours de l’aéroport respirent fraîcheur et propreté, j’ai pu le constater moi-même. Les voies d’accès sont impeccables, jusqu’à plusieurs kilomètres de distance.

 

Dans l’aérogare, comme si le temps s’était arrêté

L’aérogare, vu de loin, ressemble à une bâtisse quelconque, sortie d’un autre temps. N’eût été la tour de contrôle à proximité et les avions qu’on aperçoit de temps à autres en passant sur la route proche, on ne peut imaginer qu’il s’agit là d’un aéroport international.

Quand on y arrive pour les départs, au sol on a droit à un carrelage pas loin d’être antédiluvien, avec ça et là des carreaux portés disparus, remplacés par un enduit de ciment. Comparativement aux autres aéroports, les premiers pas dans la salle des départs donnent lieu à une ambiance qui détonne : aucune personne au pas de course, aucune excitation, tout le monde est comme écrasé pas la chaleur qu’il y fait. Les agents de l’aéroport déambulent ou sont assis et somnolent, ou alors discutent en ne prêtant aucune attention à ce qu’il se passe autour d’eux.

Les premiers employés bienveillants en face desquels on se retrouve sont les agents des comptoirs d’enregistrement (et ils seront souvent les seuls !) Après eux, on fait un passage devant le poste de la police aux frontières, puis s’ensuit un couloir qui mène à la vérification des bagages à main, pour arriver enfin à la salle d’embarquement.

 

Une modernisation urgente

Cet aéroport subit depuis plusieurs années des travaux de rénovation. Il a d’ailleurs été fermé pendant plusieurs semaines en 2016 car sa piste et son tarmac devaient être refaits. L’aérogare aussi a connu un lifting, mais les effets de ce lifting ne sont visibles que par endroits. Mon dernier séjour dans une salle d’embarquement à l’aéroport de Douala, en octobre 2017, s’est déroulée dans une chaleur étouffante, avec des toilettes HS.

Plutôt que d’être simplement rénovée, cette infrastructure doit absolument être modernisée. La configuration des lieux correspondait certainement à la réalité du transport aérien à l’époque où ils ont été construits, c’est à dire dans les années 1970. Mais l’établissement ne  répond plus aux défis actuels imposé par le transport aérien de masse. Le personnel doit être remotivé mais pour cela il lui faut des conditions de travail adéquates. Cela permettrait d’éviter des situations vécues il y a quelques années, où, parce que deux avions étaient arrivés simultanément, les passagers avaient dû patienter deux heures en file d’attente pour faire tamponner leur passeport ! La raison ? Une seule et unique policière en poste, visiblement fatiguée et qui travaillait dans une salle surchauffée.

Quelque chose doit absolument être fait. Nous sommes quand même dans la principale ville de la sous-région et même du pays, nous ne méritons pas cet aéroport figé dans le temps, laid, peu accueillant, et aux alentours duquel on ne sent pas en sécurité.

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Auteur·e

ntrjack

Commentaires

Mawulolo
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Merci le panda.
J'y suis passé deux fois et ce ne fut pas la joie.
A l'arrivée, la dame a contrôlé mon visa des milliers de fois avec des questions sans queue ni tête. J'ai passé 30 minutes à répondre avant qu'on ne me dise d'être gentil...
Dans le long couloir (à l'époque, il y avait la pub de Coca-Cola avec les prénoms divers), un homme m'apostropha pour me demander mes pièces d'identité. Face à mon refus et lui demandant qui il était, il me montra sa carte de policier. Il me fit perdre un temps car je refusais de donner un quelconque billet (Et ce n'est pas mon billet d'avion qu'il demandait)... A la fin, il m'a dit que je n'aimais pas mes frères africains...

BAYI Moise
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il est honteux de voir dans quel état se trouve les structures de notre pays en 2018 malgré les ressources que nous avons;les gouvernants gagneraient de démissionner pendant qu il est encore temps!

DE POORTER RENE
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Rien n'a donc changé depuis mon dernier départ de DLA, le 08/02/2004 ! En 14 ans la situation semble être encore plus dégradée... Honte pour un pays avec autant de capacités