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Et s'il y avait partition du Soudan?

Depuis hier dimanche, la partie sud du Soudan est soumise à un référendum d’autodétermination qui décidera de la partition ou non du Soudan. Ce processus arrive à la suite d’une longue guerre civile dans le pays  et d’une non moins longue série de négociations. Cette partition du soudan, qui semble assez inéluctable entraînera la formation de la République du Sud-Soudan qui deviendra un Etat indépendant le 9 juillet prochain. Quelles seraient les incidences de la création de ce nouveau pays?

La première conséquence sera bien évidemment la création d’un nouvel Etat qui s’ajoutera aux 53 autres déjà existants sur le continent.

La création du Sud-Soudan affectera de façon notable la géographie du continent africain. En effet, le Soudan en l’état actuel, n’est rien de moins que le pays le plus vaste d’Afrique, avec ses 2 502 310 kilomètres carrés. Avec la partition, le nord-Soudan disposera désormais de 1 916 065 kilomètres carrés et passera à la troisième position du Continent après l’Algérie (2 381 561 kilomètre carrés) et la République Démocratique du Congo (2 344 858 kilomètres carrés).

Mais ceci ne sera pas sans problèmes, surtout au plan régional. Le Nil (le fleuve le plus long d’Afrique -6 500 kilomètres) est l’objet depuis des décennies de querelles. L’Égypte qui, pour des « raisons historiques », contrôle plus de la moitié de ses ressources, veut avoir son mot à dire sur tout ce qui se passe sur toute sa longueur, ce que contestent les quelques 9 autres pays riverains. L’avènement d’un nouveau protagoniste dans cette affaire (le Sud-Soudan est aussi traversé par la Nil) accroîtra la complexité de cette géopolitique fluviale.

Il se pose aussi le problème de la répartition des ressources pétrolières entre le Soudan et son futur rejeton. Il faut dire que presque tous les gisements se trouvent dans le Sud. Ce qui préoccupe Khartoum qui les contrôlait jusqu’alors. Selon Omar El Béchir, le président actuel du Soudan, des négociations vont être engagées afin d’obtenir le partage de cette ressource. Il souhaite aussi relancer la filière agricole afin de compenser la baisse imminente des recettes pétrolières pour son pays.

On est en droit de s’interroger sur l’impact que cette partition aura sur l’instabilité qui caractérise cette partie de l’Afrique, surtout avec le conflit du Darfour. Le sud-Soudan n’aura pas à s’en préoccuper, car la région du  Darfour n’empiètera pas sur son territoire. Mais on peut espérer que le Soudan, délesté du poids des sécessionnistes sudistes aura plus à cœur de résoudre ce conflit que certains qualifient déjà de génocide.

Ce qu’il faut souligner est que malgré cette indépendance, le sud-Soudan sera toujours quelque peu dépendant de son voisin nordiste. En effet, le pays sera enclavé et aura grandement besoin des infrastructures portuaires du Soudan pour faire sortir son pétrole. Il aura aussi besoin de certaines autres infrastructures (aéroports, voirie) qui n’existent pas encore dans le (futur) pays.

Doit-on saluer la partition du Soudan? Pas vraiment, d’un certain point de vue. Car cet exemple pourrait faire jurisprudence dans un continent où plusieurs pays connaissent des tensions créées par des groupes ou groupuscules qui réclament une scission. Les exemples ne manquent pas : le Nigeria (avec le MEND), le Cameroun (où un groupe anglophone demande que la partie anglophone soit séparée de la partie francophone), Le Maroc (et le Sahara Occidental),  le Sénégal (la situation de la Casamance), La République Démocratique du Congo (avec le problème katangais)…

Rendez-vous dès la semaine prochaine pour les premières tendances quant à ce référendum qui durera jusqu’à dimanche. Le premier enjeu étant la participation, car la consultation sera validée si, et seulement si, au moins 60% des populations admises à voter le font. Au vu de l’affluence devant les bureaux de vote depuis hier, il y a de fortes chances que ce quota soit atteint et même dépassé. Encore reste-t-il que les résultats soient acceptés par les parties, ce qui n’est pas toujours gagné en Afrique.

Par René Jackson

Source Image: NASA

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ntrjack

Commentaires

Boukari Ouédraogo
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Quand on opprime un peuple pendant longtemps, ,e soyons pas surpris qu'il veuille son indépendance.