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279, Atelier des Médias

Enregistrement de l'émission à Dakar
Enregistrement de l’émission à Dakar

On ne perd sa virginité qu’une seule fois, dit-on. Et pour ceux, surtout celles, qui veulent perdre leur virginité une deuxième ou une troisième fois, il y a la solution médicale qui consiste à la reconstruction de l’hymen. C’est ça ? Fausse théorie. Du moins en ce qui me concerne. #MondoblogDakar a été une longue série de dépucelages. Des dépucelages qui se sont étalés sur une semaine. Pénibles ? Pas tant que ça. Mais ils valent quand même le détour. C’est quoi ces sortes de vapeurs que je vois une fois entré dans cette carlingue. Personne ne semble s’en inquiéter. Donc tout doit être normal. Il faut dire que c’est la première fois que je monte dans un avion. Premier haut-le-cœur de ma vie quand l’avion s’élance sur la piste de l’aéroport de Douala. « A partir de maintenant, si ça ndem, ça a ndem », comme on dit chez nous. Bizarre : je n’avais jamais pris un repas à 800 km/h avec tout plein de pays qui défilent en dessous de moi. Mais bon. L’histoire retiendra que la première fois où je soulageai ma vessie en dehors de mon Cameroun bien-aimé, ce fut techniquement à Abidjan. Dans les toilettes de l’avion qui y était en escale et duquel je n’étais pas descendu.

En dehors de cela, ce voyage fut ma première à Gorée, ma première dans une auberge, ma première avec tous ces Blancs, ma première avec Alimou Sow. La première fois la plus déstabilisante fut ce FC Barcelone-Paris Saint Germain. Car pour la première fois, je regardais un match de la Ligue des Champions en direct et en pleine journée. Chez moi à Douala, on regardait le même match, mais la nuit était tombée depuis. Autre fait marquant, la première fois que j’ai essayé d’enguirlander une non-camerounaise. Et c’est là que je me suis rendu compte que ivoirienne et camerounaise, c’est deux faces de la même pièce ! J’ai échoué avec fracas. Il se dit que les Blanches sont… euh… J’allais dire faciles, mais je ne le dirai pas comme ça. Moins compliquées, c’est plus juste. L’occasion s’est présentée, je n’avais que l’embarras du choix, vu la multiplicité des cibles. Au lieu de zlataner de l’Européenne, je me suis cantonné aux sentiers battus. Pour un succès inchangé. Regrets éternels.

J’ai appris beaucoup de nouveaux trucs à Dakar, fait beaucoup de nouvelles expériences. Mais celle qui m’a le plus marqué fut la préparation et l’enregistrement de l’émission Atelier des Médias, 279ème du nom. Non pas que ce serait la première fois que je passerais dans cette émission, puisque j’y avais déjà été invité une bonne tripotée de fois. Et même qu’un jour j’avais fait le choix d’arriver en retard au travail parce qu’il fallait enregistrer l’émission. Mais ce qui se passe par téléphone n’a rien à voir avec ce qui se passe en vis-à-vis. Cette fois serait différente puisqu’au lieu de l’habituelle interview, j’allais devoir préparer une chronique, ou plus précisément remplacer Francis Pisani avec son si particulier « Bonjour Ziad Maaaaaaaaalouf ! » Donc, un peu comme faire l’amour de la même façon pendant des années, puis aller dans un autre pays, rencontrer une geisha qui te fait découvrir des plaisirs insoupçonnés ! Les japonaises sont trop fortes !

Et je m’étais mis tout seul dans cette embrouille. Dimanche 7 avril. Espace Thialy. Il devait être 22 heures. Ziad annonce qu’il voudrait deux volontaires pour remplacer les chroniqueurs habituels de l’émission. Comme un sot, je saute sur l’occasion : « Moi ! Moi ! Moi ! » Il me regarde d’un œil pas rassuré. Le même œil fait le tour de l’assistance pour trouver un autre volontaire pour me détrôner. Personne. L’œil de Ziad capitule. Victoire par acclamation pour moi. Il n’y a rien de glorieux à gagner de cette façon, mais par les temps qui courent… Entre-temps, je remarque une autre paire d’yeux, rieurs cette fois, qui semble dire : « on va bien se marrer. Avec ce gars, l’expression ‘couper au montage’ n’a jamais autant tenu son sens ».

Barack Obama a été élu deux fois président des USA. Guantanamo est toujours là, avec ses prisonniers. Non, il ne suffit pas de remporter une élection. Même si on a été le seul candidat, on est investi d’une mission. La mienne, je devais l’accomplir. Il fallait commencer par trouver de quoi j’allais parler. Petit conciliabule le mardi 9 avril, dans les coups de treize heures, sur le chemin qui nous menait au plus succulent des riz de Dakar, avec Sinath. Elle sera l’autre chroniqueuse de l’émission et il ne faut pas qu’on se chevauche. Qu’est ce que je raconte, moi ? Il ne faut pas qu’on traite le même sujet.

Eurêka ! Innovation et TIC ! Jokkolabs et CTIC !

Mercredi 10 avril, tous au CTIC. Ah ! Le CTIC avec ses gens tous jeunes et tous beaux. Au Mboa… euh… au Cameroun, quand on rencontre des grands comme ça, on dit : « Boss, on fait comment pour être comme vous non ? Il n’y a rien pour les pauvres ? » Atalaku à n’en plus finir. La plupart du temps pour récolter un maigre billet de mille francs. Ce CTIC est donc un vrai repaire à rivaux potentiels. Heureusement que ma petite ivoirienne ne viendra jamais là. Bon,  il fallait quand même que je travaille. C’était mon sujet. Mais force était de constater que ces gens et moi ne boxions pas dans la même catégorie. Ouais, je les battrais à plate couture s’ils osaient se mesurer à mon presque quintal. C’est vrai, j’exagère un peu.

Après, nous sommes allés à Jokkolabs. Et là, ma romance baoulé a sérieusement vacillé. De quelle nationalité était-elle encore ? Togolaise ? Béninoise ? Je ne sais plus. Ce que je sais c’est que j’étais pendu à ses lèvres. Ah qu’elle parlait bien, cette belle ! Autant d’éloquence dans un si petit corps ! Une sophiste sans le côté négatif du terme! Dans mon esprit tordu, j’ai pris le fait qu’elle soit venue s’assoir près de moi le surlendemain à la Start-Up comme un appel. Appel que j’ai superbement ignoré. Une autre cible était déjà verrouillée. Désolé, chérie !

Putain de formation ! On n’a même plus le temps de fantasmer sur une fille. On est là pour bosser, oui mais quand même !

Jeudi 11 avril. 9h30. Au Via Via. Je ne sais pas qui en a eu l’idée, mais le nom de cet hôtel m’a toujours fait sourire de par son originalité. Je suis avec Ziad, Simon, Marthe et une poignée d’autres blogueurs et techniciens. Nous allons tous passer dans l’émission qui sera enregistrée le lendemain. Je fais mon texte. Les autres font leur texte. Quelle merveille, ce Google Docs, où plusieurs personnes peuvent travailler en même temps sur le même document, chacun sur son ordinateur. Et puis quelle merveille ce Mac ! Tout semble plus facile avec ! Peut-être un peu trop facile. Je me suis laissé aller et aucun de mes devoirs ne fut autant biffé ! Ecrire pour un blog n’a rien à voir avec l’écriture pour la radio. Des pans entiers de ma chronique furent amputés. Merci Docteur Simon et Mister Ziad !

« Euh… Jackson, tu es sûr que l’écran du laptop-là, c’est sa couleur normale ? – Ouais t’inquiète, William. Couche-toi, dors. Dors. Je gère ». Oui, dors pendant que je fais mon calcul pour savoir si mes économies suffiront à réparer cet écran.

Épopée avec le Mac de l’un des chirurgiens qui avaient mutilé mon texte. Il me l’a prêté pour que je puisse travailler le texte de ma chronique. Le Mac et moi, on s’est bien entendu. Jusqu’à ce que la nuit tombe et que son écran vire au rouge. Oh Seigneur ! Pourquoi c’est sur moi que ça tombe ? Pourquoi c’est pendant les seules petites heures de toute la vie de ce laptop où je l’ai sous ma responsabilité qu’il décide de me faire ça ? Mauvaise soirée. Mauvaise nuit. Réveil avec un peu d’espoir, puisque je me rappelle que j’ai un ancien voisin qui me doit une somme qui, ajoutée à mes économies, devrait permettre de payer la main d’œuvre du réparateur. Je rallume l’appareil, question de tourner une fois de plus le couteau dans la plaie. Et là, l’écran est nickel ! Pourquoi ? Quelques secondes de recherche et je me rends compte qu’il a été configuré pour que l’écran change de couleur pendant la nuit. Dieu soit loué !

Vendredi 12 avril en matinée, Institut Français. Tous ceux qui doivent intervenir dans l’émission sont regroupés dans une salle pour les dernières retouches. L’atmosphère y est plus tendue que dans la Situation Room de Barack Obama le jour de l’exécution de Ben Laden ! Pour ceux qui veulent revoir leur famille, il est encore temps d’abandonner. Personne n’abandonne ? Valeureux soldats ! J’oubliais, ces blogueurs sont difficiles à arracher d’un endroit où il y a du Wifi, même si son mot de passe est complexe au point de friser le ridicule. Moi je suis toujours zen, car une maxime de chez nous dit : « mouillé c’est mouillé. Il n’y a pas de mouillé sec ». Qu’advienne que pourra pendant l’émission.

Vers onze heures, l’enregistrement de l’émission débute. Mais moi je passe tout à la fin. Première réussie haut la main. J’étais parvenu à vaincre la coutumière inintelligibilité de mon élocution. Je ne sus pas si ce fut pour me féliciter pour notre fabuleux boulot qu’il le fit, mais Daye Diallo m’offrit l’un des plus délicieux cafés qu’il m’eut été donné de boire. Pas votre café Touba là hein ! Mais un Nescafé des plus crémeux…

Le soir, je revis une dernière fois la belle Baoulé. Une discussion fort intéressante, comme toutes celles que nous avions eu en cette terre de la Téranga. Il ne faut jamais critiquer quelqu’un si vous n’avez pas vécu ce qu’il a vécu. Samuel Eto’o Fils, je te comprends maintenant ! Quand tu as loupé ton péno contre la Côte d’Ivoire en 2006 à la CAN, on a crié. Tu avais vendu le pays parce qu’il fallait que tu te fasses bien voir de ta belle-famille ivoirienne. Pour les yeux de ma belle baoulé, j’aurais fait plus fort : j’aurais pris le ballon sous mon bras et je serais tout bonnement sorti du terrain avec !

Dédicace à Cyriaque G. et à la Belle Ivoirienne.

Par René Jackson

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Commentaires

Stéphane Huët
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Super billet René ! Ça fait toujours plaisir de revivre l'aventure MondoblogDakar en lisant les collègues. J'ai bien ri. Mais j'ai 2 questions :
- Tu es sûr d'avoir lu tant de condescendance dans le regard des gens !?
- Qui est "la belle Ivoirienne" ? ;)

Aphtal CISSE
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Stephane, la petite Baoulé, tu la connais pas, hein? La jolie Baoulé là, avec laquelle on a été à Gorée, hein? Hein? En tout cas...

A.B. Ladji Coulibaly
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hi hi hi, elle n'est mathématiquement pas baoulé ho.

René Nkowa
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Baoulé ici, je l'utilise comme un terme générique. Pour brouiller les pistes. ;°